Henri GUIBAL

Du 9 septembre au 15 octobre 2022

Présentation de l’exposition

Notes en vrac
Promenade secrète

Les odeurs de l’atelier, mes outils, ces moments ineffables me plongeant dans un voyage révélateur, la musique omniprésente qui élève mon esprit et rend, mon geste, plus précis, plus juste plus agréable, pas “plus beau” (car la peinture n’a que faire du beau), mais plus apte à capter une ébauche de sens.
N’étant pas écrites noir sur blanc, les règles de la peinture viennent d’une observation assidue, observations révélatrices répondant à des évidences incroyables, offrant à l’esprit le geste léger, la transparence vivante, la matière non excessive, le frottis intelligent qui n’aura aucun artifice. Peindre c’est répéter à tout jamais des gestes organisés qui à peine exprimés, sont déjà oubliés, sont remis sur les sommets du cerveau dans l’espoir qu’ils surgiront, une autre fois, comme une nouveauté toute lumineuse. Croire à la découverte sans jamais arrêter la moindre certitude. Peindre est une lourde charge, car ce n’est en somme que la continuité orgueilleuse de croire que notre geste répondra aux questions sans réponses de nos anciens.
Ce qui me gêne le plus, c’est l’inconsistance.
Faire du nouveau !!!…. idiotie.
Plus je peins plus il me semble que mon imagination est morte, et me rend complètement esclave, de croyances infondées, d’obligations nées de magazines à grands tirages. Nous vivons me semble-t-il, dans une société qui pense que la diversité est synonyme de nouveauté. Beaucoup varier.

Telle est la devise. Ne jamais s’attarder profondément d’un état, d’une atmosphère, d’un bien être. L’ennui est la fleur noire de l’homme du moment.

Peindre c’est d’abord s’étonner. Ne jamais se justifier. Quérir des mondes et des sensations, des formes et des rapports colorés, un personnage aimé pour le modeler précieusement, une nature révisée, (j’ai envie de dire : « répétée », n’est ce pas un synonyme ?), apaisante, imaginée, totalement marbrée de soleil et de pluie… ce sont bien là les immenses sujets incontournables, impalpables, sortis du haut de l’échelle, en dehors de ce qu’appellent certains : « la vraie vie ».
Comment pourrais-je me situer dans la vraie vie puisqu’elle ne m’attire en rien, ne me marque en rien, ne m’excite en rien, ne m’interroge que si peu, que ma parole et mon geste se perdent dans une pauvreté et une banalité effrayante. Je « parle » alors avec des artistes parfois oubliés, à ceux qui nourrissent mon imaginaire, qui donnent à mon geste le souvenir d’un plaisir, le délice de la matière, des sons élévateurs.
« La répétition, les variantes plaisent au destin » écrit Borges.
Elles accompagnent mes questionnements. Ne rien perdre, comme si le souvenir d’un lieu, l’essence de celui-ci, l’amour que je porte à celle que je peins n’avaient plus que quelques minutes à vivre. Mes développements sont mes antiennes, mes cadences.

Extrait de la “carafe en cristal”, autobiographie

Quelques oeuvres (cliquez sur les vignettes pour les agrandir)

Henri GUIBAL