France Lascurain-Tautou

« Ce qui est abstrait pour vous est réel pour moi » Zao Wou-Ki Le point de départ de ma recherche consiste à détourner les matières pour créer de nouveaux univers. A travers l’éclatement des couleurs, les griffures de la toile, les sous impressions et autres éclaboussures ou taches diluées, je m’affranchis du réel pour donner à voir des sentiments palpables. Quels que soient la technique et le geste, il est question ici de doutes, de ruptures, d’errances et de rêves. Si mes bleus tourbillonnent, mes rouges s’entrechoquent, mes blancs s’apaisent tandis que mes noirs s’électrisent, ils laissent toujours entrevoir une nouvelle fenêtre vers un espace lumineux. Ces émotions puissantes se transforment en énergies créatrices pour devenir formes et textures. Acrylique et huile, collage, toile à beurre, etc. qu’importe ! Mon parti pris pictural est délibérément celui de la liberté : liberté du geste, liberté du choix de la technique et liberté du regard porté. Car toutes ces créations sont en fait une simple représentation de notre espace intime et du mouvement de la vie dont je suis l’heureuse exploratrice. France LASCURAIN-TAUTOU

Au premier coup d’oeil, il est évident que l’Espagne des Goya, les Rembrandt, les Chardin et les abstraits espagnols ont éclairé son oeuvre de confidences feutrées. Il y a le savoir-faire des maîtres anciens dont elle a su se départir.

Formes libérées, célestes étirements, lumières apprivoisées, demi-teintes d’où surgissent des ombres, des transparences et des nébuleuses, les peintures de France Lascurain sont des toiles d’atmosphère, de climat poétique qui entraînent à la rêverie. C’est un peu le reflet du monde qui l’entoure où se dépose par couches successives dans l’irisation des couleurs l’intimité de son âme.

Le mobile profond qui l’a poussée à peindre ? Son histoire ? Ses origines basques ?… Faut-il même l’évoquer ? A-t-on seulement le droit de figer le regard du spectateur et son imaginaire ?…

Peintre de la lumière et de l’oubli de soi, France Lascurain recherche l’aventure picturale pour atteindre son propre paysage mental. Choisir le chemin des épingles, préférer celui des aiguilles… le parcours est fait de doutes, de ruptures et de forces créatrices. Jour après jour, l’artiste avance et poursuit sa quête de la matière pour devenir sans cesse soi-même, créant un monde en fusion, un espace pictural qui oscille à la cadence des vagues, aux rythmes de la vie, « un mur où tous les oiseaux volent librement à toutes les profondeurs ».

A. T.